: Evaluation de ma biosynthèse... : Anne 26 May 2001 - 20:07:00 Commencer aujourd'hui même à raconter mon expérience de biosynthèse, c'est relater une aventure très personnelle, celle de quelqu'un qui, à la suite d'une prise de conscience d'un trop long "mal-être", accepte petit à petit, la nécessité, l'évidence d'une remise en question. Une impression de luttes incessantes, et inefficaces, d'oubli de soi, d'insatisfaction, de confusion (cette impression de s'être engagé dans une impasse ou dans un labyrinthe) me conduit enfin à l'acceptation d'un besoin, d'in désir, celle de recevoir une aide pour réagir et me remettre en chemin. Dès le début, l'enthousiasme renaît, il s'agit pour moi de reconquérir l'instant présent, se réapproprier le temps, apprécier chaque moment, "être là". Incroyable découverte d'un art de vivre qui ne s'acquiert pas si facilement, mais c'est pour moi une révélation qui trouve un écho dans plusieurs de mes occupations préférées (peinture, natation, navigation, contacts avec les enfants...), activités qui ne permettent pas d'être là et ailleurs. De cette exigence renait également une écoute, un regard qui me permettent de s'éloigner d'un état de confusion, de ressassement, d'un conglomérat de convenances et de croyances qui semblent tisser une toile qui m'emprisonne dans des comportements supposés attendus. J'ai fait ce que je m'imaginais que mon entourage attendait de moi... Et la remise en cause est encore là, inconfortable. Le doute s'installe, le refus, la résistance ("les vieux démons" veillent). Il faut revenir à l'acceptation de soi, calmer les reproches, découvrir la bienveillance, réaliser que l'on a oublié de respirer - étouffement de soi, et révolte intérieure et répercussions de cette souffrance sur l'entourage et les êtres aimés. Je réapprivoise le vécu de l'instant, en préparant cette pomme coupée pour Antoine; je fais l'expérience d'inventorier les gestes et les sensations, interdisant à mon mental son habituelle escapade vers de multiples chimères et le banal s'éclipse du quotidien; porte ouverte à l'émerveillement, à la contemplation. "Est-ce moi qui atteint un but ? ou le but qui m'atteint ? " (Lit Tapiès dans une video) Et au même moment le doute : Est-ce que je deviens barge ? Où est-ce que tout cela me mène ? Est-ce raisonnable ? Est-ce que je ne développe pas un système de pensée qui m'isole ?... Apprendre à cultiver un état de confiance, de disponibilité, de réceptivité, utiliser les techniques reçues, tout ce dont j'ai besoin est là, à portée, plus d'affolement ni de panique, ces quelques mots qui me venaient en bouche, malgré moi "J'ai peur" n'ont plus de raison d'être et s'éclipsent d'eux-mêmes. Récemment, je me suis servie d'un coupe-ongles; sans doute pour le première fois, je constate que je ne ronge plus les doigts. Fierté enfantine. Suis-je en chemin ? Le questionnement est incessant quelquefois minant ! Je me rassemble, tire les fils, revient à la réalité de l'instant, rééducation de soi-même. De tous les visages observés à la dérobée, celui de ma mère descendant la place du marché, visage encombré de soucis, celui de R. à l'île de Batz, si malheureux dans la douceur d'un matin sans rides, de tous ces visages, y compris le mien, témoins d'une douleur intérieure, d'un emprisonnement, d'un fardeau, je garde la certitude de la nécessité de l'instant. L'élimination, phase dynamisante a coïncidé avec la rupture d'une liaison longue de 14 années. Le bouleversement est là, bien présent, par moments difficile à endiguer, canaliser mes émotions, positiver, éviter le reniement, ne pas me laisser influencer par toutes les suggestions émises par des personnes extérieures à mon histoire et qui s'y investissent, s'en emparent, y projettent leurs propres angoisses, frustrations, violences. J'essaie de me soustraire à l'inventaire, l'état des lieux d'un désastre imaginaire ou convenu. Avancer, certes, j'avance, dans mon travail en quelques mois, j'ai fait évoluer mon attitude pédagogique en accordant plus de liberté et d'autonomie aux élèves. Le climat a changé, plus en confiance, je m'investis plus naturellement a collègues ou en stage, plus sûre de moi, j'ouvre les débats, livrant mes convictions sans craindre les critiques et les jugements. Il faut savoir entretenir un état, ne pas s'oublier dans l'urgence du quotidien, être en cohérence pour viser l'essentiel, acquérir de nouveaux automatismes et croire en un avenir lumineux. Dans le contexte de la rupture, l'élaboration du Plan de Vie m'a semblé difficile, maintenant que le bouleversement s'estompe, les projets se dessinent facilement, le fait de les répertorier et de les noter leur donne une réalité et ils s'imposent mieux, certains se réalisent sans efforts. Il me semble que c'est une habitude à réactualiser sans cesse, il me faut aussi, face à des expériences nouvelles, modifier un automatisme ancien de recul et de repli. J'avais souvent le réflexe de dire non, d'opposer des résistances, d'inventorier les inconvénients et de prendre la fuite, il me semble que j'envisage maintenant les oppportunités de manière plus optimiste et qu'en même temps de nouvelles perspectives s'ouvrent, je sors de l'impasse ou du labyrinthe dont je parlais au début de ce bilan. Anne M., Brignogan, le 20 mars 98 |